Présentation Depuis plusieurs années, divers réseaux d’historiens se sont progressivement constitués autour d’ateliers, de conférences et de projets d’humanités numériques dans le but de réévaluer la place et l’histoire de l’esclavage et de la traite en Asie et dans l’Océan Indien prémodernes. Portée par l’ambition de s’affranchir du seul cadre de l’histoire coloniale de l’esclavage en Asie dont ont émergé ces initiatives, cette conférence entend poursuivre la réflexion en l’élargissant aux expériences de l’Asie continentale et orientale. Inspirée par un ensemble de données préliminaires suggérant fortement que le fait esclavagiste et la traite d’êtres humains en Asie pourraient avoir été au moins comparables en nombre à la traite atlantique, cette conférence a pour objectif d’explorer l’esclavage, la dépendance et la traite en Asie dans toute leur profondeur historique ainsi que dans toute leur complexité économique, sociale, politique et culturelle. Elle entend ainsi questionner, pour tenter de les dépasser, les cadres analytiques issus de l’histoire de la traite atlantique comme seuls modèles d’investigation de l’esclavage et de la traite dans d’autres contextes. L’un des objectifs de cette conférence vise à réintégrer l’histoire des traites qui existaient dans cette vaste région avant l’arrivée d’opérateurs européens à celle des développements ultérieurs de réseaux globaux de migrations forcées. Ces traites « asiatiques » furent en effet transformées et prirent de nouvelles dimensions au contact du colonialisme européen. Ce n’est toutefois que l’un des aspects de cette histoire. Si le rôle des mécanismes de l’expropriation humaine au sein de l’économie politique du travail est aujourd’hui assez bien compris, il reste encore à mieux étudier et à tenter de comprendre les conditions politiques et sociales présidant et conduisant à ces expropriations. La capture, le déplacement contraint et la mise en esclavage d’êtres humains ne procèdent pas uniquement d’une logique d’acquisition de main-d’œuvre dépendante et servile. L’importance des déplacements de femmes, aussi bien que d’enfants, met en évidence la nécessité de s’intéresser plus largement à l’ensemble des facteurs permettant le transfert et la traite d’êtres humains : quelles dynamiques historiques spécifiques, quelles situations particulières permettent le déracinement social d’individus et leur réintégration dans des contextes d’esclavage et de dépendance ? Comment ces processus s’articulent-ils et s’intègrent-ils dans les circuits régionaux, interrégionaux et globaux de l’économie politique ? Pour répondre à de telles questions, pour mieux comprendre les dynamiques, les orientations, les logiques et les dimensions de la capture, du déplacement forcé et de l’asservissement en Asie, une recherche tant quantitative que qualitative est nécessaire. Outre diverses études de cas explorant les contextes, les routes et les moyens par lesquels des individus étaient déplacés, échangés et réduits en état de dépendance et de servitude, cette conférence sera également l’occasion de présenter plusieurs projets connexes d’études quantitatives et géospatiales de la traite en Asie prémoderne. Comité scientifique
Comité d’organisation
Participants Allen, Richard (Framingham State University); Ansar, Anas (Bonn Centre for Dependency and Slavery Studies); Bischoff, Jeannine (Institut für Orient- und Asienwissenschaften, Bonn Centre for Dependency and Slavery Studies); Bosma, Ulbe (International Institute of Social History); Calanca, Paola (Ecole française d’Extrême-Orient); Chevaleyre, Claude (CNRS – UMR 5062, ENS-Lyon, IAO); Conermann (Bonn Centre for Dependency and Slavery Studies); de Sousa, Lucio (Tokyo University of Foreign Studies); Ekama, Kate (Université de Stellenbosch); Fei Si-yen (University of Pennsylvania); Fujitani, James (Azusa Pacific University); Gaynor, Jennifer (State University of New York, Buffalo); Geelen, Alexander (International Institute of Social History); Hägerdal, Hans (Université Linnaeus); Hellman, Lisa (Freie Universität); Jaluzot, Béatrice (IEP de Lyon. Directrice de l’UMR 5062); Kukreja, Akanksha (Lady Shri Ram College for Women, University of Delhi); Manguin, Pierre-Yves (Ecole française d’Extrême-Orient); Miller, Joseph C. (Université de Virginie); Perez-Garcia, Manuel (Shanghai Jiaotong University); Samantha Sint Nicolaas (International Institute of Social History); )Reidy, Michael (Londres); Souza de Faria, Patricia (Federal Rural University of Rio de Janeiro); Suzuki Hideaki (School of Global Humanities and Social Sciences, Université de Nagasaki); Thiébaut, Rafaël (International Institute of Social History); van Rossum, Matthias (International Institute of Social History); Wagenaar, Lodewijk (Université d’Amsterdam); Wellfelt, Emilie (Université de Stockholm); Zeuske, Michaël (Université de Cologne). Informations pratiques Lieu : Ecole Normale Supérieure de Lyon Dates : 13 et 14 mars 2019 Pour plus de détails, reportez-vous au programme Programme de la conférence Partenaires Organisée par Claude Chevaleyre (CNRS, ENS-Lyon, Institut d’Asie Orientale) et Jennifer L. Gaynor (University at Buffalo, State University of New York) Avec le soutien de la Crafoord Foundation, de l’Université Linnaeus, de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, de l’IDEX-Lyon et de l’Institut d’Asie Orientale.
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